lundi 17 janvier 2011

MERCI!!!!!

Après trois mois de vagabondage à travers le Pérou, la Bolivie et l'Argentine, il était temps pour nous de poser nos valises. Depuis une semaine, nous avons retrouvé la France, nos petites habitudes et tous nos proches, ainsi que nos gros pulls en laine.








Machu Picchu, Pérou, octobre 2010


Ce périple en Amérique latine nous a permis de découvrir encore un peu plus des trésors qu'abrite notre belle planète. Nous revenons avec plus de 10 Go de photos mais également le cœur plein de souvenirs de rencontres, de moments ou d'ambiances. Notre goût du voyage se voit encore aiguisé et nous attendons avec excitation d'autres occasions de partir à la rencontre de notre "pacha-mama"*.


Sorata, Bolivie, novembre 2010

Même si au quotidien, notre séjour nous a confronté aux enjeux qui compromettent l'avenir de notre terre, il nous a aussi rendues plus admiratives de l'humanité, qui déçoit pourtant si souvent, car comme l'a écrit Georges Sand: "La vie d'un ami, c'est la nôtre, comme la vraie vie de chacun est celle de tous. "




Quebrada de las Conchas, Argentine, novembre 2010


Merci à ceux qui nous ont ouvert leurs bras au cours de ce voyage et à ceux, qui loin de nous, nous ont accordés quelques minutes de leur temps en venant sur ce blog prendre de nos nouvelles.

Prêtes pour le retour, Buenos Aires, Argentine, Janvier 2011


(*)pacha-mama: terre-mère en quechua

vendredi 14 janvier 2011

Buenos Aires, terra del tango

Ce n'est pas sans une certaine excitation que nous avons atteint la dernière étape de notre voyage : Buenos Aires, c'est tout un mythe ! Dès nos premiers pas dans la capitale, une atmosphère occidentale nous est familière. Les édifices "parisiens" côtoient une population largement issue du Vieux Continent. Il est d'ailleurs assez drôle de noter comment les argentins parlent des porteños (habitants de Buenos Aires), exactement comme on parlerait de nos chers parisiens !!!

La Plazza Mayo et l'Avenida 9 de Julio, l'avenue la plus large du monde, est le cœur de la vie urbaine mais aussi un véritable cauchemar pour les piétons. Si en Argentine, on a pu constater combien les différences sociales sont importantes, à Buenos Aires, elles sont peut-être plus marquantes. Quand on voit les hommes d'affaires et autres "fashion victims" déambuler au milieu des chics buildings du centre ou encore les chantiers de constructions ambitieux du Port, on a du mal à croire que 30% des Argentins vivent en dessous du seuil de pauvreté...


Nous avons apprécié le pittoresque faubourg populaire de La Boca, avec ses maisons en bois peintes de couleurs éclatantes. Un endroit parfait pour se mettre dans l'ambiance du tango !

On y croisera d'ailleurs Maradona et le Che. Il y avait aussi la Mole Moli, personnalité que nous avons vu en Live à Rio Tercero et que nous vous laissons le soin de découvrir par le net : sa reconversion de boxeur mérite vraiment le détour...

Un peu plus loin, dans le quartier historique de San Telmo, on peut admirer assises sur une terrasse de café les couples qui s'adonnent au tango, sur la place Dorego, au rythme des bandonéons dans un charmant décor d'antan. 

De la joie nostalgique, c'est donc l'image que nous garderons de Buenos Aires et c'est exactement les sentiments qui nous animaient lorsque nous l'avons quitté pour retrouver la France à la fin de ce voyage...

samedi 1 janvier 2011

De donde son chicas ?

Il est facile de noter avec seulement un de nos "Hola" que nous sommes étrangères et, inévitablement, cela entraine un intérêt et une curiosité auprès de nos interlocuteurs :
- De donde son chicas ?(d'où venez vous les filles ?)
- De Francia ...
- Oh Franciaaaa ! Que liiiindo !
Là où dans d'autres pays on nous parle de l'orgueil des français, des crottes de chiens sur les trottoirs, de la baguette de pain, des grenouilles, de notre mauvais caractère et de notre amour pour manifester continuellement notre mécontentement ; ici, nous avons droit qu'aux bons côtés ou presque (Sarkozy ne fait jamais partie des bons points) de la France : image de l'élégance, du parfum et de l'accent qui sonne bizarrement dans leurs oreilles "comme une musique" !
Malgré cette affection pour notre pays, les argentins ne semblent pas tous maitriser la géographie de l'Europe et nous avons droit à quelques questions étranges du style "Mais vous venez de où exactement ? De la France, France ? ou en dehors de la France ?"... Certains pensent effectivement que Paris est un pays ou encore que la Belgique serait une région française tout comme la Suisse aurait une partie anglophone !
Notre quotidien est donc rythmé de ce sujet de conversation à répétition, ce qui peut être franchement fatiguant mais nous préférons largement cet accueil à celui indifférent qu'on a eu quelques fois en Bolivie.

Pour le reste de notre vie à Cordoba, nous vivons au 474 avenida Lugones, en face de la Plazza de España, nous allons faire nos courses au Disco ou au Buenos Dias, nous achetons notre Quilmes, Brahma ou Fernet au Topline du coin (en échange d'une bouteille vide, c'est la règle mais ne nous demandez pas pourquoi), nous buvons le mate et nous partageons les empeñadas avec les amis, nous prenons des chewing-gum de marque Beldent, nous vivons presque 50% du temps en maillot de bain, nous n'achetons que des vêtements avec des motifs fleuris (il n'y a que ca), nous étouffons sous les 40 degrés journaliers mais heureusement le Parc Sarmiento a sa piscine,... Bref, nous avons déjà toute nos petites habitudes ici mais c'est bientôt l'heure de rentrer en France ! Buenos Aires, la dernière étape du voyage, nous attend...

El Hospital de Niños

Lors de notre séjour à Cordoba nous avons intégré le corps de volontaires de l'Hôpital des Enfants, fondé en 1965 par le Dr Romis Amado Raiden sur le constat du mutisme et du silence dans lequel évoluaient les enfants malades. Cette association a alors pour objectif de divertir l'enfant et de lui faire oublier un temps son hospitalisation. Sa mission: "llenar de amor las horas vacías del niño internado".

L'association a débuté avec une demi-douzaine de volontaires, qui se réunissait dans un minuscule local dans l'ancien hôpital, rue Corrientes. Une salle de jeu a été aménagée et est devenue le lieu de divertissement et de célébration des anniversaires et autres fêtes. Depuis une dizaine d'année, l'hôpital a déménagé plus au sud de la ville. Et le corps de volontaires a suivi également, sollicitant un nouvel espace où s'installer. Une terrasse a alors été habilitée en annexe grâce aux donations de la communauté pour une valeur totale de 400 000 pesos.

le dépôt de l'association
L'association s'intègre à l'organigramme de l'hôpital mais fonctionne de manière totalement autonome. Les responsables ont un devoir de communication envers la Direction, notamment lorsqu'il s'agit de solliciter un espace et se fait un plaisir de convier le corps médical lors d'évènements particuliers comme la fête de noël. L'association ne reçoit aucune subvention de la part du gouvernement, et devant la situation économique que vit actuellement l'Hôpital, celle-ci est, d'ailleurs, un soutien non-négligeable. Elle reçoit un grand nombre de donations matérielles et distribue des denrées alimentaires et des vêtements aux parents qui viennent le plus souvent de classes défavorisées. Mais son plus grand appui reste la distribution de couches (600 par jour), un budget que l'hôpital ne pourrait supporter.

En effet, l'Hôpital de Niños est un hôpital provincial qui offrent des prestations gratuites à ses patients. Toutefois la marge de manœuvre de la Province est réduite, et le Gouvernement absent. Ce sont donc les capitaux privés qui permettent à l'hôpital de subsister et de développer ses technologies. D'ici peu, l'hôpital commencera à pratiquer des transplantations. Mais pour le moment il faut se rendre à Buenos Aires pour bénéficier gratuitement de ce genre de prestations.



L'hôpital manque principalement d'infirmières mais on constate aussi que les ressources matérielles restent précaires. L'équipement est obsolète face à celui qui meuble nos hôpitaux. Les lits se redressent par manivelle (si celle-ci ne vous reste pas dans la main), les parents passent la nuit assis sur des chaises de jardin et doivent bien souvent se procurer eux-mêmes draps et couvertures pour le couchage de leur enfant. Nous avons même vu une petite fille dont la broche à sa jambe était soutenue par... le plateau d'une table. Le système D n'est donc pas étranger au quotidien de cet hôpital.

Le père de Lucas, un enfant autiste d'une dizaine d'année, nous a conté son histoire et les difficultés de prise en charge face à la maladie de son fils, l'autisme étant très mal connu en Argentine. Il habite à plusieurs heures de route de Cordoba, mais l'Hôpital de Niños est le centre public le plus proche de chez lui offrant alors un service neurologique. Hospitaliser son enfant à Cordoba entraîne, pour lui et sa famille, des frais latéraux considérables, comme le logement: leurs autres enfants sont restés chez des parents tandis que sa femme et lui, hébergés dans une pension, se rendent à tour de rôle au chevet de Lucas. Il nous raconte alors que les argentins cotisent à travers leur travail à la sécurité sociale. Sa femme cumule deux emplois, dont un comme travailleur social dans une institution publique, et que sur les deux parents, aucun ne bénéficie d'assurance. En effet, il dépend de l'employeur de décider si oui ou non il versera les cotisations à l'état en faveur de ses salariés. A la sortie de l'hôpital, ils devront amener tous les mois Lucas voir un médecin à proximité de leur ville. Ce médecin, spécialiste en neurologie délivre des consultation mensuelles à titre privé. Mais pour le père de Lucas, "ça sera toujours moins cher que de venir jusqu'à Cordoba".

Cette expérience à l'hôpital nous a permis de constater la pauvreté sociale qui n'est pas visible au premier coup d'œil dans ce pays aux airs européens. Les soins médicaux peuvent donc représenter un vrai gouffre financier pour les familles, surtout celles qui vivent à des kilomètres des premières institutions publiques. Mais le public accueilli à l'hôpital présente également d'autres carences importantes. C'est en jouant avec les patients que nous avons pu constater qu'il n'est pas rare de rencontrer des enfants de huit ou dix ans ne sachant pas lire ou compter au-delà de dix. Souvent les parents eux-mêmes sont analphabètes. Les puzzles constituent également un bon indicateur de la stimulation cérébrale de l'enfant, des patients de ce même âge préfèrent souvent un puzzle en bois d'une quinzaine de pièce car impuissant devant un puzzle composé d'une cinquantaine. C'est aussi dans cet environnement qu'on a pris conscience de la maternité précoce, l'avortement étant prohibé en Argentine (un projet de loi est toutefois en cours, mais reste un sujet délicat à l'approche des présidentielles de 2011).

l'heure du thé
Aujourd'hui, le corps de volontaires compte 93 membres (composé à 95% de femmes). Le statut social qui lui est conféré a donné naissance à un règlement rendant obligatoire le port de l'uniforme et l'élection pour deux ans d'un Président et d'une Commission. Les volontaires doivent venir 4h minimum par semaine et attendent deux ans avant de se voir titulariser. Malgré cette formelle organisation, on déplore l'absence de protocole et une communication plus régulière et étroite avec le corps médical, notamment concernant les questions d'hygiène. Nous ne nous posons pas en tant qu'expertes, mais la peur des bactéries que nous développons dans nos pays nous amène à nous surprendre de certaines conduites. A l'exception des enfants en isolement qui appellent des consignes plus strictes (pas toujours suivies), seul un lavage de main est alors nécessaire pour passer d'une chambre à l'autre alors que les jeux circulent dans les mains et les bouches des patients sans être désinfectés.

La salle de jeu, uniquement (et rarement) ouverte aux enfants
Ces indicateurs montrent de réels besoins de la part du public et une nécessité de persister dans la communication interne avec le corps médical et les familles. Le corps de volontariat a donc encore d'autres batailles à livrer, mais ne veut malheureusement se concentrer que sur l'enfant, au lieu de considérer l'individu dans son entité familiale: une salle ouverte à la famille avec visionnage de film et dégustation de thé, un service de prêt de livres pour adultes, des séances de stimulation cérébrales ou d'initiations alphabétiques peuvent être de nouveaux projets. Les durées de séjour s'étendent de quelques jours à plusieurs mois et il est certain que les besoins diffèrent d'une famille à l'autre. Mais nous avons été très surprises d'entendre Tita et Haydn, les deux volontaires avec qui nous avons réalisé notre entretien, nous répondre qu'aucun manque ne se présentait. Comme dit Marie, "C'est bien la première fois que j'entends une association dire qu'elle n'a besoin de rien!". Si tel est le cas, il ne devrait pas être difficile pour ces âmes charitables d'ouvrir un nouveau chapitre à leur histoire.

Tita Et Haydn
Il est vrai que cette association a insufflé un vent nouveau au paysage bénévole de la région de Cordoba, donnant naissance à des corps de volontaires dans d'autres hôpitaux ou dans les Villas (banlieux) voisines. Le Dr Raiden est décédé il y a aujourd'hui trois ans , et il est certain que sa renommée est à elle seule une publicité pour l'association. Les donations dépendront sûrement dans les années à venir de la mobilisation des volontaires. Les plus anciennes comptent aujourd'hui plus de 40 ans de bénévolat, et un bon nombre atteint déjà une vingtaine d'année à leur actif. Pleines de compassion et d'admiration pour le travail du Dr, elles devront certainement accepter que l'association peut et se doit d'évoluer, notamment si elles veulent donner l'envie aux plus jeunes membres de rester et de s'investir.

Nous remercions tous les volontaires de nous avoir si chaleureusement accueillies.